À la recherche des objets disparus
L’église de Saessolsheim a été visitée par les cambrioleurs la même nuit que l’abbatiale de Marmoutier. Ici aussi, les objets de culte dérobés viennent d’être rendus aux paroissiens. Du moins, une partie des objets. Manque encore le calice qui avait le plus de valeur.
Une patène et un calice en plusieurs morceaux viennent d’être récupérés par la paroisse, suite au vol d’une nuit d’octobre à l’église de Saessolsheim. Photo : Alfred DOSSMANN.
« Il faut mettre une croix dessus » , regrette Étienne Kraehn, le président du conseil de fabrique de Saessolsheim, concernant l’un des calices volés dans l’église la nuit du 7 au 8 octobre 2012, et qui demeure introuvable. Malheureusement (et ceci explique sans doute cela), c’est celui qui avait le plus de valeur, soit environ 2 600 euros. Seule la poignée a pu être récupérée, le reste ayant sans doute déjà été revendu en Allemagne.
C’est du moins ce que supputent les gendarmes, qui ont mis la main sur un butin riche de 150 objets de culte dérobés dans une trentaine d’églises de Moselle et de la région de Saverne ces derniers mois. Butin auquel a eu accès Étienne Kraehn, qui s’est rendu il y a peu à la gendarmerie de Forbach, en compagnie du maire de Saessolsheim Dominique Muller. Au terme de l’enquête qui a permis de mettre la main sur deux individus (lire DNA d’hier), les paroissiens étaient ainsi invités à récupérer leurs biens. « C’était impressionnant, souligne le président du conseil de fabrique. Il y avait encore pas mal d’objets. »
Un calice en quatre morceaux
La sacristaine était aussi à leurs côtés, car « c’est elle qui a les objets en main le plus souvent ». Elle était donc plus à même de reconnaître les objets de culte provenant de Saessolsheim parmi la centaine qui étaient encore exposés. Heureusement, l’inventaire ayant été « fait il y a deux ans », des photos ont facilité la reconnaissance. « Grâce aux motifs, on a pu retrouver une patène et un calice qui était en quatre morceaux. » « Le temps de le remettre en état et de le nettoyer », celui-ci a été pour la première fois réutilisé lors d’une célébration à la Pentecôte.
Ici, pas de problème d’assurance, contrairement à ce qui a été constaté à Marmoutier. Les dégâts causés à l’église ont été effacés. Reste un sentiment d’incompréhension de la part des paroissiens : « Ce qui les a émus, c’est l’effraction du tabernacle de l’autel baroque, explique le curé Gérard Rebmeister. Ils n’ont pas réussi à l’ouvrir, mais ils ont tout de même cassé la boiserie. » Suite à ce fâcheux épisode, il n’y aura pas de caméras installées à Saessolsheim, comme cela s’est fait à l’abbatiale de Marmoutier. Mais l’accès au coffre-fort a été « plus protégé, il était caché mais pas souvent fermé à clef ». D’ailleurs, désormais, un code a remplacé la clef.
L’église est désormais mieux à l’abri des intrus de la nuit. Malgré cela, au village, on parlera sans doute encore longtemps du cambriolage de l’église. « Quand on commence à s’attaquer aux églises, c’est un peu dommage », commente au final Étienne Kraehn, qui rappelle que ces objets de culte « sont souvent des pièces données par des paroissiens ou laissées par un curé qui était en poste. Elles font surtout partie du patrimoine. » Patrimoine qui, bien qu’il ait été réduit d’un tiers, comporte encore deux calices. Suffisamment pour permettre à la vie religieuse locale de reprendre son cours sereinement.