Une seconde vie relancée difficilement
Après six années d’inactivité, l’auberge de l’Ackerland de Saessolsheim a rouvert ses portes à la fin de l’année 2008. Reprise par Gérard Burg, en pleine reconversion professionnelle, les débuts ont été difficiles. Mais le gérant a depuis trouvé son rythme de carrière et accueille chez lui une clientèle devenue fidèle.
Gérard Burg s’est offert l’auberge de ses rêves à Saessolsheim en 2008 – Sébastien Schoenacker, le chef de cuisine, en pleine préparation du repas – L’établissement dispose de plusieurs salles modulables dont une terrasse très fleurie en cette période estivale.
L’auberge de l’Ackerland, il en est tombé amoureux dans les années 1980. « Je venais y manger régulièrement, c’était une mine d’or », se rappelle Gérard Burg. Il ne pensait pas, alors, qu’il en serait un jour le propriétaire… Et pourtant, presque 30 ans plus tard, c’est bien en tant que patron qu’il franchit les portes de l’établissement de Saessolsheim. Rien d’étonnant, finalement, pour quelqu’un qui a travaillé durant trois décennies pour des restaurants. « Mais j’étais de l’autre côté : j’étais le commercial qui vendait aux restaurateurs », raconte-t-il, sans aucune nostalgie.
« Le jour de l’inauguration, le chef n’est jamais venu ! »
La frontière, il l’a franchie suite à un licenciement. Au chômage, l’homme dynamique veut rebondir au plus vite. En 2008, au moment où la crise économique est au plus fort, lui vient l’idée folle d’acheter son propre restaurant. Plein de bagou, il convainc une banque de le suivre et signe un chèque de 350 000 € pour s’offrir son rêve. L’auberge de l’Ackerland, fermée depuis six ans, devient sienne.
Pas question de changer le nom. En revanche, des travaux s’avèrent rapidement indispensables. « D’apparence, le bâtiment était très sain. Mais en y regardant de plus près, il n’était plus du tout aux normes. » Electricité, issues de secours, accès pour personnes à mobilité réduite… Pour répondre à toutes les exigences, Gérard Burg doit investir près de 100 000 € supplémentaires !
Pour combler toutes ces dépenses, il faut impérativement que les clients répondent présent au plus vite. Et parlent de l’établissement en bien autour d’eux. Donc, pas question de se rater pour l’ouverture ! Or, ce 28 novembre 2008, alors que 350 personnes sont dans la salle, « le chef n’est jamais venu ! » Le drame. « Ça a été un fiasco total », reconnaît Gérard Burg que l’anecdote fait sourire aujourd’hui. Pour éviter la catastrophe, « des copains dans le métier sont venus m’aider ». Un coup de main d’autant plus appréciable que le maître des lieux n’a aucune notion de cuisine.
« On a notre rythme de croisière et une clientèle fidèle »
Durant de longues semaines, c’est donc ce système D qui prévaut. « On bricolait derrière les fourneaux », résume Gérard Burg. Il déniche enfin un véritable chef le 20 décembre 2008. « Il nous a fallu six mois pour redorer, ou simplement dorer, le blason de la maison », indique le patron qui sait parfaitement qu’« une mauvaise réputation se fait plus vite qu’une bonne ». S’il a alors des doutes sur la réussite de son projet, il refuse de baisser les bras. Un combat payant : « Aujourd’hui, malgré une conjoncture morose, on a notre rythme de croisière et une clientèle fidèle », se réjouit-il.
Faire venir des Strasbourgeois à Saessolsheim n’a pas été évident. « Je suis obligé de beaucoup communiquer », explique-t-il, vantant dans des campagnes de pub son « auberge de campagne » où l’on peut notamment manger « des plats qui ne sont plus à la maison » tels que le pot-au-feu, le baeckeoffe, la choucroute. Une fois assis dans une de ses trois salles, encore faut-il leur donner envie de revenir. Pour cela, Gérard Burg a instauré des rendez-vous mensuels, des soirées à thèmes chaque week-end. Dont celle du dancing le premier samedi du mois, en référence aux soirées du même genre qui avait fait la réputation des lieux en son temps. « C’est une façon de garder l’esprit d’autrefois », note Gérard Burg. De préserver l’âme de son auberge.