Toute l’originalité de Michel Gaechter

Publié par Alvin NORGE le

Lors de la présentation du concert, en français et en allemand, le pianiste a précisé qu’un peu plus de liberté dans les interprétations était possible.

Michel Gaechter présente les quatre sonates qu’il va interpréter.

C’est peut-être un mouvement qui se dessine, certains pianistes abordent le répertoire avec un point de vue interprétatif qui sort de l’ordinaire. Pensons à H.J. Lim, pianiste francophone et coréenne qui n’hésite pas à bousculer quasi violemment toute une tradition de l’interprétation des grandes œuvres. Ce n’est pas le cas de Michel Gaechter, qui tout en s’autorisant une certaine souplesse, une vision personnelle des sonates, ne cherche pas à renverser ni à choquer les auditeurs.

Il joue sur un piano forte de TH. Kobald de 2011 réalisé d’après un Anton Walter des années 1800. On a donc les sons qui existaient à l’époque de la création des sonates. L’instrument est moins puissant et moins brillant qu’un piano moderne, mais finalement il s’agit quand même du même univers sonore.

Les différences, si elles sont nettement audibles, ne transforment pas fondamentalement l’écoute de ces musiques.

Le concert commence par la grande sonate pathétique opus 13. Comme le dit l’artiste, il s’agit d’un « tube » entendu mille fois. Mais les choix interprétatifs de Michel Gaechter sont très originaux, et sortent de l’ordinaire. Il adopte un tempo assez lent laissant place à de grandes respirations entre les fulgurances abruptes de la partition. Il propose ainsi une vision moins « révoltée » et plus pré-romantique de l’œuvre. Les deux sonates suivantes opus 14, sont jouées avec dynamisme et simplicité avant d’aborder la grande sonate opus 26 en la b majeur dont le 3° mouvement est la marche funèbre sur la mort d’un héros.

Avec rigueur
L’interprétation du pianiste passe de la vigueur beethovénienne à une sorte de sentiment océanique de la musique dans les passages plus apaisés. Il ne s’écarte pas du texte, il s’y déplace avec souplesse et avec une rigueur interne, une cohérence personnelle qui donne toute sa force à son interprétation. On n’évoquera pas ici la virtuosité nécessaire pour aborder ce répertoire tant le jeu de Michel Gaechter semble aisé et naturel.

Le public a ovationné l’artiste qui a joué en bis une courte bagatelle de Beethoven.

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