Souffle sacré
L’ensemble Gli Angeli Genève a littéralement soufflé le public avec une époustouflante Messe en si, mardi soir, en l’église de Saessolsheim.
Un concert exceptionnel.
À l’occasion du 20e anniversaire de la construction de son orgue, l’église de Saessolsheim était pleine pour un concert exceptionnel à tout point de vue : l’ampleur de l’événement, inhabituelle pour un village de 500 habitants, et l’indiscutable qualité de la prestation. Nul doute que celle-ci a alimenté les conversations lors de la réception suivant le concert, à l’invitation de Michel Dossmann, président de l’ASAMOS, l’association organisatrice.
Dès l’entame, le public se retrouve scotché par la puissance et la rondeur du chœur, en un Kyrie à la fois punchy et enveloppant, avec juste ce qu’il faut d’enthousiasme pour en garder la maîtrise. Porté aussi par une acoustique remarquable, l’ensemble marque ainsi d’emblée l’œuvre dans sa beauté, sa verve et son équilibre, servi par un orchestre doté de cordes précises et soyeuses et de vents joueurs et cajoleurs.
De fougue et de retenue, ce jeune ensemble montre déjà une belle maturité. Outre les talents individuels – notamment les solistes Aleksandra Lewandowska et Marianne Beate Kielland (sopranos), l’alto Carlos Mena, qui se sortent admirablement des chausse-trappes de la partition – la direction de Stephen MacLeod contribue beaucoup à la cohésion de l’ensemble.
Celui qui a déjà prêté sa voix de basse aux grands comme Herreweghe ou Savall assure en même temps la direction de l’ensemble et sa ligne de chant, ce qui implique une parfaite disponibilité de chacun des musiciens et une grande concentration pour tous. Les parties techniques sont néanmoins parfaitement gérées, ainsi de la brusque transition entre le Domine Deus et le Qui tollis , qui exige une entente sans faille entre les solistes et le chœur. Un chœur dont la verve se fait encore plus marquée en seconde partie, notamment dans un Sanctus aux accents bien dosés.
À la sortie de l’entracte, Francis Jacob, directeur musical de l’ASAMOS, a brièvement quitté sa place sur scène, à l’orgue coffre, pour présenter deux pièces de Bach au grand-orgue Aubertin. Permettant ainsi d’apprécier les sonorités franches et les volumes bien charpentés de l’instrument.