« Non à l’hôpital au Martelberg »

Publié par Alvin NORGE le

Au moment d’aborder le sujet de l’implantation d’une entreprise dans la zone du Martelberg, les débats ont pris une tournure politique, jeudi, au sein de la comcom de la région de Saverne. En ligne de mire, l’idée développée par Thierry Carbiener d’un nouvel hôpital dans cette zone d’activités. Une initiative jugée « prématurée et contre-productive » par le maire de Saverne.

Selon le maire de Saverne, la municipalité, l’Agence régionale de santé et la direction de l’hôpital Sainte-Catherine travaillent sur un projet de nouveaux bâtiments pour l’hôpital sur ce terrain situé derrière l’Océanide. Photo DNA – Emmanuel Viau

Il s’agissait au départ de délibérer sur la vente de quatre hectares, dans la zone du Martelberg, à l’entreprise VPCF (lire ci-dessous). Selon le président de la comcom Pierre Kaetzel, « Monswiller a voté favorablement [sur ce point] et a aussi décidé de maintenir la vocation économique de la zone du Martelberg ». Ce qui, en clair, « veut dire non à l’hôpital au Martelberg ». Le président oppose ainsi une fin de non-recevoir à l’idée lancée par le chef de l’opposition savernoise, conseiller général et candidat aux municipales Thierry Carbiener d’implanter un nouvel hôpital sur cette zone d’activités (DNA de samedi).

« On voudrait faire capoter le dossier qu’on ne s’y prendrait pas autrement »
Gilbert Huttler, de Dettwiller, rebondit sur le sujet : « J’ai lu dans la presse cette proposition. Je précise que je ne suis mandaté par personne, mais n’y aurait-il pas lieu de discuter plus avant sur cette question ? Je suis, en tant que citoyen de Dettwiller, concerné par l’avenir de l’hôpital et de la gendarmerie. » Ce qui fait bondir le maire de Saverne Stéphane Leyenberger, très remonté contre la démarche de son adversaire politique savernois.

« En bon père de famille et élu responsable », commence-t-il, il appelle à agir, dans le dossier de l’hôpital, « dans l’intérêt général de notre territoire. Toute autre attitude serait irresponsable et risquerait de compromettre ce dossier sur lequel nous travaillons depuis longtemps. » À propos des déclarations de Thierry Carbiener (mais sans le nommer), il relève : « On voudrait faire capoter le dossier qu’on ne s’y prendrait pas autrement. C’est prématuré et contre-productif. »

S’exprimant « en tant que président du conseil de surveillance de l’hôpital », il insiste sur le fait qu’« on ne peut pas se permettre de lancer à l’emporte-pièce des idées sur des dossiers qui engagent l’avenir de l’hôpital », précisant que la municipalité travaille sur le sujet « depuis des années » avec l’ARS (Agence régionale de santé). « Il y a un temps pour travailler les dossiers et un temps pour les annonces. »

« Agitation politicienne »
Aux élus réunis jeudi soir en conseil communautaire à la salle polyvalente de Friedolsheim, il indique qu’« aujourd’hui, il y a un échange de qualité entre la ville de Saverne, l’ARS et l’hôpital », mais que « la décision n’est pas prise et n’appartient qu’à l’État, à travers l’ARS ». Il parle d’« un dialogue qui avance » et qui tourne autour de deux hypothèses : « Reconstruire sur le site actuel ou construire à neuf, ailleurs, le bloc principal de médecine, chirurgie et obstétrique ».

Selon lui, « d’ici quelques mois, l’ARS sera en mesure de faire connaître ses choix ». À ce moment, les élus communautaires seront consultés, « notamment pour trouver le foncier adéquat ». Sachant que l’emplacement privilégié « aujourd’hui, ce sont les 15 hectares situés entre l’Océanide et le rond-point des garages », qui « semblent convenir en l’état actuel des discussions, puisque l’hôpital est déjà propriétaire d’une partie du terrain ».

Fustigeant toute « agitation politicienne », il invite à « ne pas regarder les échéances du mois de mars, mais l’avenir du territoire », soulignant par ailleurs le fait que « l’hôpital, bien qu’il soit indispensable pour faire vivre notre territoire et qu’il a des implications économiques, n’est pas un acteur économique au sens où on l’entend pour cette plateforme ».

Une plateforme destinée à l’économie
Car il s’agit bien, rappelle le vice-président de la comcom Henri Wolff, d’une « plateforme départementale qui doit être économique, on ne peut pas y mettre, par exemple, la gendarmerie ». S’en suit une discussion pour le moins animée entre le vice-président et le maire de Dettwiller Gabriel Osswald, qui « regrette qu’on n’ait pas plus d’information » et demande un débat sur cette zone. « Ce n’est pas l’implantation de cette entreprise que je critique, insiste-t-il, c’est le système » de prise de décision concernant le Martelberg. Pour cette raison, il ne participera pas au vote. Le maire d’Ernolsheim Jeannot Schnell, pour sa part, s’abstiendra : « On a aussi le droit de ne pas être d’accord ! » lance-t-il, regrettant « la façon de fonctionner de la comcom » dans le dossier du Martelberg.

Quant à l’élu savernois et conseiller régional Laurent Burckel, il se dit « totalement surpris de cette initiative (de Thierry Carbiener, ndlr) de changer la vocation de cette zone, le jour précis où une entreprise veut s’y installer », ceci « dans un contexte économique épouvantable ». Il rappelle que le Martelberg n’est pas destiné « à une activité publique comme l’hôpital ».

Recadrant le débat sur l’objet du vote, portant sur l’implantation d’une entreprise sur la zone, le maire de Saessolsheim Dominique Muller relève : « Ça fait des années qu’on nous parle du Martelberg, et qu’on dit que ça dort. Maintenant il y a une occasion qui se présente, alors il faut se réveiller. » Le reste relevant, selon lui, « du fameux mois de mars » et, comme le fait remarquer à son tour Gilbert Huttler, de la politique « saverno-savernoise ». Qui risque bien, avec les nouvelles règles de représentation municipale dans les comcom mises en place à l’occasion des municipales de mars, de s’inviter de plus en plus souvent au menu du conseil communautaire.

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