Mise en valeur du pianoforte à Saessolsheim

Publié par Alvin NORGE le

Michel Gaechter maîtrise parfaitement l’instrument et sait partager son enthousiasme avec le public

Michel Gaechter présente le piano-forte.

Lors de la présentation de son concert, Michel Gaechter fait preuve d’une légère ironie distanciée. Comme s’il ne se prenait pas trop au sérieux. Cette légèreté apparente ne dissimule en rien une grande connaissance et une grande virtuosité. Tout cela s’inscrit parfaitement dans le style des concerts donnés à Saessolsheim et organisés par l’association des Amis de l’orgue de Saessolsheim.

Modifier les sonorités de l’instrument
Accueil et atmosphère conviviale et musique toujours au plus haut niveau. Le pianiste a présenté son instrument et particulièrement les deux mécaniques qui peuvent se glisser sous les cordes et en modifier ainsi radicalement la sonorité. Dans un premier cas, nous sommes encore dans l’univers tout proche du clavecin : les sons sont plutôt brefs et intenses, toute l’énergie est délivrée d’un coup et décroît rapidement. Dans le deuxième cas, nous nous rapprochons nettement du piano moderne : l’énergie de chaque frappe dure beaucoup plus longtemps, mais est beaucoup moins incisive. Pour illustrer cela, le musicien a joué deux « sonates faciles » de Beethoven. Elles sont dites faciles parce qu’à la portée de pianistes non professionnels, alors que les autres sonates demandent une virtuosité nettement plus difficile à acquérir.

Sur l’instrument équipé d’une mécanique plus incisive, les deux pièces sonnent bien, nous sommes proches de Mozart, et pourtant, c’est bien la musique de Beethoven que l’on entend. Changement de clavier et place à la grande sonate. Il s’agit là de l’univers proprement Beethovénien, le piano sonne rond et riche et traduit avec force les intentions du compositeur. Les pianissimo et forte sont subtils et éclatants, toute la dynamique de l’œuvre est parfaitement transmise.

Pour finir, Michel Gaechter a offert au public nombreux et enthousiaste un rondo opus 51 du même compositeur, joué cette fois avec la mécanique plus proche du clavecin. Le contraste est saisissant et rafraîchissant et l’on constate ainsi qu’à l’époque, autour de 1800, les styles et caractéristiques des instruments ont évolué très rapidement, laissant glisser dans le passé le monde sonore de la musique baroque.

Catégories : Recueil