Les abeilles toujours menacées

Publié par Alvin NORGE le

Six ruches ont été installées en octobre 2012 par Voies navigables de France le long du canal de la Marne au Rhin, un peu en amont de l’écluse n° 40 à Lupstein. Comment se portent les 50 000 à 70 000 abeilles qui occupent chaque ruche ? Steve Heim, l’apiculteur, nous fait le tour du propriétaire.

Steve Heim est membre de l’association des Apiculteurs de la Moder, et s’assure du bien-être des abeilles.

Et si nous prenions des nouvelles de nos amies les abeilles ? Depuis octobre 2012, six ruches d’ apis mellifera , cette abeille productrice de miel, prospèrent à Lupstein. Elles ont été installées en amont de l’écluse n° 40, sur un terrain dont Voies navigables de France (VNF) est propriétaire. Soignées par Steve Heim, apiculteur au sein de l’association des Apiculteurs de la Moder, les ruches abritent chacune entre 50 000 et 70 000 abeilles, et produisent 10 kg de miel chaque année en moyenne.

« L’installation de ces ruches s’est faite dans le cadre d’un partenariat avec l’Union des apiculteurs de France », explique Raphaël Wisselmann, directeur territorial adjoint chez VNF à Strasbourg. « Dix-neuf ruches au total ont été installées sur tout notre territoire de compétence, et nous participons aux journées « APIdays » pour sensibiliser aux enjeux de la sauvegarde des abeilles », poursuit-il, précisant que l’entreprise s’est elle-même engagée dans la protection de la biodiversité en bannissant l’usage de produits phytosanitaires pour l’entretien des 40 000 hectares de terrain le long des canaux qu’elle a la charge d’entretenir…

Ces six ruches ont été installées à proximité de la piste cyclable qui longe le canal de la Marne au Rhin, « sur un emplacement assez éloigné des habitations et du canal pour ne pas gêner les usagers du cours d’eau », note Agnès Waeckel, salariée de VNF chargée notamment de l’entretien de l’écluse de Lupstein. Il a fallu également veiller à la qualité de l’environnement des petites abeilles… « Les six ruches ont été installées dans un cadre relativement propice, sur un terrain de 350 ares bordé d’acacias et relativement loin de la piste cyclable qui passe à côté », poursuit Agnès Waeckel. « Il y a aussi une forêt de sapins à proximité », complète Steve Heim, ainsi que des prairies.

Deux nouvelles colonies cette année
Malgré cet environnement favorable, deux des six ruches n’ont pas passé l’hiver… Un chiffre impressionnant mais « rien d’alarmant en soi : cela arrive régulièrement », explique Steve Heim.

L’apiculteur a alors essayé en début d’année de fonder deux nouvelles ruches en scindant les deux colonies les plus fortes. Celles qui se retrouvent sans reine dans les nouvelles colonies vont alors nourrir l’une des larves à la gelée royale exclusivement… Celle-ci deviendra la reine de la colonie nouvellement créée : « Elle sera la seule à pondre, jusqu’à 2 000 œufs par jour en été ! »

Cette super-abeille a également une espérance de vie plus longue, entre 3 et 4 ans, alors que l’abeille ouvrière vit en moyenne 45 jours en été. Le jour de notre rencontre, Steve Heim vient vérifier la naissance d’une nouvelle reine dans les deux colonies nouvellement créées : si elles restent introuvables parmi la masse de leurs congénères, des petites larves sont bien visibles, signe qu’une reine a commencé à pondre au sein de chaque colonie. C’est une bonne nouvelle.

Les abeilles, « l’un des piliers de la biodiversité ! »

Car rien n’est jamais gagné : les abeilles, dont l’existence est menacée par l’utilisation de pesticides et la pratique de la monoculture qui réduit la biodiversité donc leurs sources d’alimentation, sont également menacées par de nouveaux prédateurs contre lesquelles elles ne savent pas lutter. « Le frelon asiatique par exemple est un prédateur redoutable, puisqu’il nourrit ses larves grâce aux abeilles. Il peut voler en stationnement devant l’entrée des ruches pendant de longues minutes, et les abeilles ne savent pas se défendre contre ce prédateur inconnu pour elles », explique Steve Heim, qui estime pourtant que le frelon asiatique, arrivé accidentellement en France en 2004, est encore rare en Alsace.

Une autre petite bête menace la survie des colonies : le varroa, un acarien qui s’attaque aux abeilles en s’accrochant aux larves. « Cela les affaiblit, certaines abeilles grandissent ainsi avec les ailes déformées… » soupire Steve Heim. Ces acariens peuvent cependant être maîtrisés grâce à des répulsifs.

Malgré ces petits tracas, les petites abeilles de l’écluse n° 40 de Lupstein se portent relativement bien, grâce à un environnement plutôt favorable à leur épanouissement. « Mais il faut continuer à les protéger, et sensibiliser le public », insiste Steve Heim. « Car elles sont l’un des piliers de la biodiversité ! »

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