Du bois dont on fait les maîtres !

Publié par Christiane FOURNIER le

Moment fort ce dimanche pour l’orgue Aubertin de Saessolsheim, dont un récital de Vincent Dubois pourrait bien révéler des possibilités insoupçonnées.

Quand il devint il y a un peu plus d’un an le directeur du Conservatoire de Strasbourg, les amoureux de l’orgue, ravis de cette nomination, ne voyaient guère en lui qu’un jeune et brillantissime interprète. Celui qu’avait notamment révélé, il y a cinq ou six saisons, un disque aussi extraordinairement clair qu’expressif et animé d’une force tranquille, que ce disciple d’Olivier Latry avait consacré à Louis Vierne et Marcel Dupré.

Or ce nouveau venu bardé de prix et de hautes récompenses se trouvait être aussi un cas assez exceptionnel de précocité musicale alliée à une rare compétence d’administrateur animateur, démontrée dès l’âge de vingt-sept ans à la tête du Conservatoire de Reims, après un poste de directeur adjoint à celui d’Angers. Tout en menant une carrière internationale qui a fait de lui le partenaire des plus grandes formations symphoniques, il a continué de s’affirmer parmi les détenteurs les plus autorisés d’une esthétique embrassant la tradition française dite néo-classique faute de mieux et tout un grandiose corpus romantique où flamboient les constructions lisztiennes.

Et Bach, bible absolue, dans tout cela ? Au disque il l’a abordé de manière quelque peu oblique en compagnie du violoniste Raphaël Oleg, y retrouvant du reste la vision de Dupré transcrivant telle Sinfonia. Mais ses récitals, qui l’ont fait découvrir en Alsace, ont montré, à l’église Saint-Guillaume de Strasbourg notamment, un architecte doublé d’un coloriste, ici salué par Marc Munch.

Le voici, à l’invitation de Francis Jacob et des Amis de l’Orgue de Saessolsheim, sur l’instrument félin conçu par Bernard Aubertin pour le répertoire baroque des deux rives du Rhin, mais capable aussi, dit son constructeur, « de sortir ses griffes en crachant et en soufflant ». Vincent Dubois annonce Bach sans plus de précision. Mozart aussi, et on parie pour la pathétique Fantaisie K.608. Schumann encore, qui écrivit si peu pour l’orgue, mais dévotement. Pourquoi pas les Études en canon, que transcrivit… Dupré !

Ce dimanche 16 juin à 16 h 30 en l’église Saint-Jean-Baptiste. Entrée libre.

Article DNA par Christian Fruchart

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