Dans la continuité

Publié par Alvin NORGE le

A Saessolsheim, ce dimanche, se poursuivait l’entreprise initiée en 2014 par le duo Fanny Paccoud et Michel Gaechter, l’intégrale des 10 sonates pour violon et piano de Beethoven. Un rendez-vous qui, à l’instar des premiers épisodes, a confirmé la pertinence des choix musicologiques et interprétatifs des artistes.

Fanny Paccoud et Michel Gaechter, un duo tout en nuances et couleurs.

Le programme de ce troisième volet proposait l’ensemble des trois sonates de l’opus 30 soit les numéros 6, 7 et 8 du corpus. Elles datent de 1802-1803, période noire pour le compositeur qui n’a plus d’espoir de recouvrer l’audition et qui lutte contre la tentation du suicide ; d’où des œuvres empreintes de douceur au caractère expansif contrôlé comme bridé.

Comme une vision poétique d’un Beethoven pourtant torturé
Comme pour les épisodes précédents les artistes ont fait appel à leurs instruments fétiches, pour Fanny Paccoud un violon monté en cordes à boyaux et pour Michel Gaechter la copie d’un piano-forte Anton Walter de 1795-1800 réalisé en 2011 par Théo Kobald. Les sonorités obtenues participent à l’ambiance sonore dans une complémentarité sonore exemplaire.

Certes les cordes de boyaux sont capricieuses et le Kobald n’a pas la dynamique et la puissance d’un instrument moderne. Ces instruments nécessitent une attention particulière et continue. Le piano bénéficie de l’attention de Benjamin Menoux facteur accordeur pour qui la sensibilité à la température, à l’hygrométrie des bâtis tout en bois de cette vieille mécanique n’a plus de secrets.

Loin de tout effet spectaculaire qui aurait été hors de propos avec ces œuvres, Fanny Paccoud et Michel Gaechter ont réitéré le message délivré lors des deux premiers volets, un message tout en retenue et couleurs savamment appliquées, comme une vision poétique d’un Beethoven pourtant torturé.

Conclusion l’an prochain
L’an prochain verra la conclusion de ce cycle remarquable, lentement mûri et élaboré. Un changement pourtant est prévu, l’apparition d’un autre piano-forte, lui aussi copie d’ancien, aux possibilités plus importantes grâce à un clavier plus étendu et plus à même de traiter les partitions concernées.

Le beau public de Saessolsheim a apprécié cet après-midi musical et en a fait part aux artistes. Il s’est vu gratifié en bis du mouvement lent de la 9e sonate, la célébrissime « A Kreutzer » comme un avant-goût du dernier volet de ce passionnant cycle.

Catégories : Recueil