Comment ils ont désinventé le CD

Publié par Alvin NORGE le

Les amis de l’Orgue de Saessolsheim désinventent le CD : c’était le titre intriguant du concert de ce dimanche, à l’occasion des 25 ans de l’association. Par ce concept, les musiciens ont repris une pratique très courante avant l’époque de la reproduction sonore, lorsqu’ils n’hésitaient pas à transcrire les œuvres qu’ils voulaient jouer en les adaptant aux moyens qu’ils avaient à leur disposition. De J.S. Bach à Frantz Liszt, les exemples sont nombreux.Les transcriptions des œuvres, présentées lors de ce concert sur les deux orgues de l’église, étaient parfaites et ont permis aux musiciens de s’exprimer avec un grand bonheur.

De gauche à droite : Marilia Vargas, Denis Steffen, Claude Roser et Francis Jacob.

Une volonté de pédagogie
Francis Jacob et Claude Roser tenaient les orgues. Marilia Vargas et Denis Steffen chantaient les parties de soprano. Ces quatre musiciens ont proposé une sorte d’avant-goût du concert de dimanche prochain en interprétant des extraits des cantates BWV103 BWV 107 et BWV 78. Ces trois cantates seront jouées dans leur intégralité lors du prochain concert avec un orchestre complet.

Francis Jacob fait preuve d’un grand souci pédagogique en donnant quelques explications claires sur les œuvres et surtout en affichant le texte des paroles des airs chantés par Marilia Vargas et Denis Steffen. Ce n’est pas une découverte et l’on sait bien que les compositeurs, lorsqu’ils mettent des textes en musique écrivent, en fonction du sens du texte. Mais il est frappant, lorsque l’on entend la musique du très célèbre duo « Wir eilen mit schachen » extrait de la cantate bwv 78 « Jesu, der du meine Seele », de réaliser à quel point la musique évoque la marche de la foule des croyants aspirants à rencontrer Jésus, tandis que les solistes chantent : « De nos pas faibles mais empressés Nous accourront vers toi ».

Il faut noter que Denis Steffen est un jeune garçon dont la voix n’a pas encore mué. Son timbre est splendide et clair et s’accorde parfaitement avec la voix de la soprano.

L’époque où les femmes n’avaient pas le droit de chanter
Non seulement les musiciens ont ce dimanche désinventé le CD, mais ils ont ramené le public dans l’ambiance sonore des années 1700. Car à l’époque, les femmes n’avaient pas le droit de chanter dans les églises. Ce sont donc de jeunes garçons qui tenaient les parties de soprano.

Entre chaque extrait de cantates, le public a entendu des chansons de C. Gussago, G. Gabrielli, L.G. da Viana ainsi que des œuvres pour orgues de D. Buxtehude et J.S. Bach.

Ce concert très réussi fait en quelque sorte fonction d’apéritif en annonçant celui de dimanche prochain, toujours à Saessolsheim.

Dimanche 24 mars, concert de Ricercar Consort, à 16 h. Entrée 15 € (10 € avec réservation), gratuit pour les moins de 16 ans.

Catégories : Recueil