Belle rencontre musicale
Vincent Dubois a donné un concert d’orgue d’une grande musicalité, très apprécié des amateurs de ce bel instrument.
Francis Jacob et Vincent Dubois.
C’était sans doute une des premières fois que Vincent Dubois a joué sur l’orgue Aubertin de Saessolsheim. Il a poussé l’instrument au maximum de sa puissance mais avec toujours une grande musicalité. C’est sans doute le privilège de la jeunesse, Vincent Dubois à 32 ans, d’avoir l’énergie et l’audace de proposer des registrations étonnantes et de ne pas hésiter à faire résonner avec force la vénérable église de Saessolsheim. L’orgue Aubertin a répondu présent avec une constance et un souffle imperturbable.
Une version éclatante de la fugue
Cet organiste, titulaire de nombreux prix est aussi le directeur du conservatoire de la musique et de la danse de Strasbourg. Il a ouvert le concert par le prélude et fugue en la mineur BWV 543 de Jean-Sébastien Bach. La virtuosité juvénile de ces pièces correspondait parfaitement à l’énergie du jeu de l’organiste. Il a donné une version éclatante de la fugue en jouant parfois avec les limites mais tout en respectant absolument l’esprit de l’œuvre. Après tout, le jeune J.S. Bach ne devait sans doute pas s’interdire ce genre de plaisir.
Dans le choral suivant « Nun komm der Heiden Heiland BWV 659 », le choix de jeu contrastés fait entendre avec beaucoup de clarté les voix jouées à la main droite par opposition avec celles tenues à la main gauche et au pédalier. Les œuvres suivantes de Robert Schumann, 4 Esquisses opus 58, ont été jouées avec la même énergie dynamique et l’orgue conçu à l’origine pour la musique baroque allemande, s’adapte parfaitement à la musique de Schumann.
La pièce de Mozart, Adagio et fugue en ut mineur KV 546 transcription de J. Guillou alterne des passages presque guerriers avec des passages lent et méditatif.
Improvisation
Vincent Dubois semble à l’aise dans tous ces répertoires. Il a ensuite joué un andante en fa majeur KV 616 et une fantaisie en fa mineur KV 608 du même compositeur. Ces trois œuvres ont été écrites pour « horloges mécaniques ». Comme le précise le programme remis lors du concert : « au XVIIIe siècle, de tels orgues sans clavier, équipé de système de lecture de cylindres ou cartons agrémentaient des châteaux ou des demeures riches ».
Pour finir et selon une tradition qu’à nos jours, seuls les organistes ont conservée, le musicien a improvisé sur deux thèmes proposés par Francis Jacob. Le premier étant la transcription musicale de Saessolsheim en utilisant l’alphabet d’Olivier Messiaen couplé avec le célèbre « ave verum » de Mozart. L’improvisateur s’en est donné à cœur joie, explorant les diverses possibilités de l’orgue tout en mêlant avec beaucoup d’à propos les deux thèmes proposés. Les applaudissements chaleureux ont salué la très belle prestation de l’artiste.