Bas-Rhin Organisation des secours

Publié par Christiane FOURNIER le

Pompiers : la réforme dans les tuyaux

Comment assurer une meilleure couverture des risques à budget constant ? La vaste réorganisation des secours qui se prépare dans le Bas-Rhin en 2016 s’annonce délicate, le sapeur-pompier étant une figure appréciée et bien ancrée dans les territoires.

Élu en mai président du service départemental d’incendie et de secours du Bas-Rhin (SDIS67), Thierry Carbiener indique y consacrer « 40 % de [s] on emploi du temps ». « L’ancien président Guy-Dominique Kennel était très pris en tant que président du Département. Il a fait faire des études, mais il n’a rien déclenché. Aujourd’hui, le courage politique doit amener cette évolution », indique-t-il avec sa faconde inimitable.

Une évolution dictée par un double enjeu : la gestion des risques et la rationalisation financière. Ceci dans le contexte d’un service public doté d’un budget annuel de 87 millions€ (lire l’encadré) et qui réalise un nombre croissant d’interventions.

« Faire plus avec la même ressource »

Car il y a longtemps que les pompiers ne sont plus seulement des soldats du feu. « Quand il y avait les corps communaux, ils étaient là beaucoup pour les incendies. Aujourd’hui, ça ne représente plus que 10 % des interventions », la part importante revenant au « secours à personne ».

La politique de gestion des risques s’adapte à cette situation, sous la forme d’un nouveau schéma départemental d’analyse et de couverture des risques qui devrait être validé par le préfet ce printemps. Dans ce cadre, le président du SDIS67 est « tenu d’assurer la réponse opérationnelle imposée par le préfet », par exemple en ce qui concerne certaines zones reculées où est requise une plus grande « rapidité » d’intervention.

Une politique qui doit aussi tenir compte des finances. Car selon son président, « la baisse générale des finances publiques frappe aussi le SDIS », dont le budget « avait toujours bénéficié d’une augmentation annuelle correspondant à l’inflation normale des charges ». Désormais, ce budget est stabilisé, ce qui signifie qu’il faudra « faire plus avec la même ressource ». « Heureusement, c’est une organisation très vertueuse, nous n’avons pas de dettes. »

La réforme qui sera mise en place à l’automne 2016 consistera notamment à « supprimer un effet millefeuille ». Les actuels groupements Nord, Sud et Centre, avec leurs administrations, ainsi que divers services éparpillés sur le territoire, verront leur personnel et matériel regroupés autour du Prisme, le bâtiment de Wolfisheim. Pour accueillir tout ce monde, le SDIS a acquis en 2015 un terrain adjacent pour 1,9 million€. 3,5 millions€ y seront investis dans la rénovation et l’extension du bâtiment existant, un autre sera bâti à l’horizon 2018. Objectif : « Supprimer des locations, qui nous coûtent environ 250 000 euros par an, pour faire de l’investissement ».

Sept compagnies territoriales seront organisées autour des principaux centres de secours, soit Haguenau, Saverne, Molsheim, Sélestat ainsi que trois nouveaux pôles dans l’Eurométropole (Nord, Centre et Sud). Il s’agit de « renforcer la coordination et la gestion des ressources humaines et matérielles », qui doivent être « plus en adéquation avec le terrain » et permettre de « libérer les unités territoriales des charges administratives ».

« Nous ne fermerons aucune section »

Depuis quelques semaines, des inquiétudes se font entendre du côté des maires et des sapeurs-pompiers. Il faut dire que la départementalisation des secours, amorcée il y a une quinzaine d’années, a fait disparaître la moitié des corps communaux. Elle est loin, déjà, l’époque où la fanfare de la section locale animait les bals de l’été…

« Je peux comprendre les maires qui souhaitent garder une vie sociale autour des corps de pompiers », indique le président du SDIS67. Pour les rassurer, il se dit soucieux d’« encourager et soutenir » le volontariat, décrit comme « une caractéristique majeure du SDIS67 ». Ces effectifs seront toutefois redéployés autour de « pôles de garde » choisis selon des priorités géographiques et opérationnelles. « Nous ne fermerons aucune section, mais nous allons mieux organiser. »

Compte tenu des contraintes budgétaires, il y aura néanmoins des choix à faire. La situation des casernes les plus vétustes devra notamment être évaluée avec les maires. Dans un langage prudent, cela donne : « Nous serons amenés à faire les aménagements pour que les compagnies, avec leur centre principal et les sections autour, soient optimisées pour la réponse opérationnelle ».

Avec les élus, ainsi que les 618 sapeurs professionnels et les quelque 4 900 volontaires que compte le SDIS67, le président assure que « (s) a méthode est la même : écouter et trouver des consensus ». La phase de concertation s’intensifiera dès les prochains jours et durera jusqu’au conseil d’administration de juillet, où seront entérinés les principes de la réforme. D’ici là, la mission du président consistera surtout à diminuer les risques… de mécontentement.

Article DNA

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