À 50 ans, l’appel de la terre

Publié par Alvin NORGE le

Alors que la profession est mise à l’honneur au moment du Salon de l’agriculture à Paris, rencontre avec un maraîcher de Saessolsheim. Martin Wilt a quitté son emploi au sein d’une usine en septembre 2013 pour, à l’âge de 50 ans, se consacrer entièrement au travail de la terre.

Martin Wilt a embarqué toute la famille dans son aventure.

« Un agriculteur a énormément d’administratif à faire. Un vrai travail de comptable ! » déclare Martin, les yeux rivés sur son ordinateur. Cet homme souriant a quitté son poste dans une usine en septembre 2013 pour se consacrer à l’agriculture. Il explique : « Depuis 1989, j’ai repris l’exploitation de mon beau-père. C’était de la grande culture, des champs de maïs, de blés. Je continuais à avoir une double activité. Je me suis toujours dit qu’à 50 ans, j’allais devoir faire un choix entre mon travail et l’agriculture. »

Été comme hiver
La cinquantaine arrivée, Martin a bien vite tranché en faveur de sa passion. « Depuis cinq ans, je fais beaucoup de maraîchage en plus des cultures céréalières. Je cultive tous les légumes, aussi bien ceux d’été que ceux d’hiver, comme le céleri ou le chou. » En plus de la vingtaine d’hectares qu’il possède, il a aménagé 2000m2 de serres. « J’ai dû énormément investir. Je n’ai pas eu d’autre choix que de tout moderniser, sans jamais bénéficier d’aides. » Car ce que Martin préfère, c’est « la liberté. Et puis, travailler en plein air, c’est tout simplement formidable ! J’aime la proximité avec la nature, le travail de la terre. »

Les journées d’un agriculteur sont à chaque fois différentes. Impossible de s’en tenir à un programme fixe : Martin valse avec dame nature, et les caprices du climat guident chacun de ses pas. C’est ce qu’il apprécie : « J’aime mettre les cultures en place, les voir évoluer au fil des mois ». Qu’il soit accablé par une chaleur étouffante ou par un froid humide, le maraîcher doit travailler. Ces aléas influent aussi sur ses récoltes, et pourtant ses clients attendent un certain nombre de paniers qu’il s’est engagé à leur livrer.

Il a tout appris sur le tas
Cette étrange dépendance ne l’effraye pas, ni la quantité de travail à fournir. En été, Martin travaille de 6 h à 22 h : « Il n’y a pas de limites ni de jour de repos. La famille doit l’accepter. C’est le choix que j’ai fait, et il est plus fort que tout. » Car « il faut aller voir les cultures tous les jours, vérifier qu’il n’y a pas de maladies, pas d’insectes ». Le maraîchage est une activité très prenante, mais c’est aussi, selon lui, la seule à être rentable sur une petite parcelle.

Sans aucune formation agricole, Martin a tout appris sur le tas. Il pratique une agriculture raisonnée : « On ne traite pas systématiquement, on le fait uniquement si c’est nécessaire ». Il se doit de respecter un cahier des charges très strict fournit par Alsace Qualité.

Administrateur à la coopérative de Hoerdt rassemblant plus de 150 agriculteurs, il y livre 60 % de sa récolte. Ce groupement, qui sert d’intermédiaire entre les paysans et les clients, lui assure la vente d’une partie de ses produits. Il fournit également plusieurs restaurants du coin, sans compter les particuliers qui se rendent directement à la ferme.

« L’agriculture, il faut l’avoir dans le sang »
Cet agriculteur, qui emploie cinq saisonniers, espère pouvoir produire plus. « C’est un métier très physique, mais quand on aime ce qu’on fait, on ne s’en soucie pas. L’agriculture, il faut l’avoir dans le sang. C’est comme un virus, on l’a ou pas. Et c’est plus fort que tout. »

S’il rejoint les revendications de ses confrères qui déplorent les prix pratiqués en supermarchés, et s’il partage aussi leurs inquiétudes, il souhaite tout de même aux jeunes agriculteurs qui veulent s’installer « d’avoir la chance » qu’il a eue.

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